Au Burundi, le sport féminin est en pleine évolution. Il essaie de rattraper un grand retard par rapport au sport masculin. Sur le chemin du changement positif, préjugés, discrimination basée sur le genre, manque de moyens … continuent à sévir. AFJO est engagée à contribuer à l’amélioration de l’image du sport féminin dans les médias avec l’appui des journalistes des sports.
La pratique du sport est développée au Burundi. Le football est le sport roi, surtout dans les milieux urbains. Le basket-ball, le volley-ball, le hand-ball, le rugby etc sont également pratiqués. La marche est en plein essor, surtout en villes. Toutefois, le développement du sport féminin est en net retard par rapport au sport masculin. Au Burundi, le fossé est plus grand.
« Le football, c’est pour les garçons ». C’est l’une des affirmations gratuites entendues souvent dans les familles burundaises. La culture burundaise qui fait la part belle aux hommes est passée par là. Par le passé, cette culture avait reléguée les femmes aux seconds rôles et ses conséquences se font toujours sentir.
Des avancées remarquables ont été enregistrées ces dernières années dans différents secteurs de la vie national. Toutefois, le chemin vers l’égalité reste long et est semé de beaucoup d’embûches.
Dans le secteur du sport, les filles et femmes sont à la traine par rapport aux garçons et hommes. Les médias burundais ne font pas exception. Une faible couverture des activités sportives des femmes est remarquée alors que les hommes sportifs sont, de loin mieux couverts. Selon un article produit sur le site de l’UNESCO, les femmes représentent seulement un faible pourcentage des radiodiffuseurs et animateurs radios sportives. Ce rapport précise que le nombre de femmes qui entrent dans le domaine du journalisme sportif est encore relativement faible et que ce secteur demeure majoritairement aux mains de la gente masculine. Au Burundi, l’Association des Journalistes des Sports du Burundi (AJSB) est composée de 113 membres dont 6 filles/femmes, soit 5,3%.
A signaler également que l’horaire des matches est souvent en défaveur du sport féminin. « Les matches des équipes féminines se déroulent souvent les week-ends à 9 heures du matin. Cela au moment où les matches des équipes masculines sont programmés dans l’après-midi à 15 heures », déplore Mme Nshimirimana, Présidente de l’AJSB. Elle a ajouté qu’au lieu d’aller couvrir ces matches, les journalistes sportives préfèrent se reposer ou participer aux fêtes et aux autres activités de diversion.
Des stéréotypes persistent aussi dans la couverture médiatique du sport féminin. Parfois, le talent laisse place aux clichés sexistes. Les médias ont un pouvoir considérable pour changer les représentations sociales.
En vue de contribuer à une plus grande visibilité du sport féminin au Burundi, AFJO a initié au cours du mois de mars 2022 les premières formations sur l’intégration de la dimension genre dans les contenus médiatiques sur les sports. Au cours de cette rencontre, les participants se sont rendus compte de la quasi absence des femmes dans leurs articles et émissions. Les langues se sont déliées, en reconnaissant d’abord l’inégale traitement des activités sportives, selon qu’elles portent sur le sport masculin ou féminin.
« Il nous arrive souvent d’assister aux matchs du sport féminin puis celui du sport masculin et à la fin nous diffusons uniquement des informations sur le sport masculin … ». C’est la confession d’Alexis Singa de la radio Bonesha FM. Grâce au soutien de l’AFJO, les journalistes sportifs en synergie avec les représentants du sport féminin sont désormais engagés à faire changer ce traitement inégale, en vue d’une couverture médiatique équitable.
A noter enfin que l’AFJO ne compte pas s’arrêter dans le plaidoyer en faveur d’une visibilité équitable du sport féminin et une meilleure représentation dans les médias. Cette organisation compte sur les femmes et les hommes de bonne volonté pour relever ce défi. Cette mission qui s’inscrit dans l’esprit et la lettre de textes régissant l’AFJO ne fait que commencer. La première bataille est en passe d’être gagnée, mais le chemin pour remporter la guerre reste long …